Histoire
Buno-Bonnevaux est une commune située en Ile-de-France, dans le département de l’Essonne, à 56 km au sud-est de Paris, à 28 km de Fontainebleau et à 19 km d’Etampes.
Elle se trouve à 13 km de l’autoroute A6 et elle est desservie par la ligne D de RER qui la met à 1 h 15 de Paris.
La commune, qui s’étend sur 15,99 km2 est incluse dans le périmètre du Parc naturel régional du Gâtinais français, vaste de 75 640 ha.
Géographie
La commune s’étend surtout sur la rive droite de l’Essonne, rivière née sur le plateau de Beauce de la confluence de deux cours d’eau, l’Œuf et la Rimarde, et qui se jette dans la Seine à Corbeil-Essonnes.
Les apports de ces cours d’eau et des affluents situés en aval sont complétés par ceux de la nappe phréatique de Beauce, ce qui confère à l’Essonne un régime relativement régulier, mais n’empêche pas des crues exceptionnelles, comme en 1982 et en 2016.
La commune présente une topographie contrastée :
La vallée regroupe l’essentiel de la population, abritant le bourg mais aussi les écarts de Moignanville et de Bonnevaux ainsi que le hameau de Chantambre. Cette vallée, dans laquelle l’Essonne se divise en plusieurs bras, est largement occupée par des marais et des bois, où dominent aulnes et peupliers ainsi que des plantes aquatiques.
Le versant oriental de la vallée, plus marqué, présente un dénivelé de près de 80 m aux pentes variées. Il est constitué pour l’essentiel de sable et de grès, ce dernier laissant souvent apparaître des chaos de roches aux formes arrondies. Ce versant est largement boisé, pour l’essentiel de feuillus dominant un sous-bois riche en bruyères et fougères, mais porte aussi de nombreux résineux.
Au sommet s’étend un vaste plateau constitué de calcaires, de grès et de sables recouverts d’une épaisse couche de limon fertile. Dans un paysage d’openfield s’étendent de vastes parcelles où dominent les grandes cultures, notamment céréalières et betteravières. Quatre grandes fermes constituent le hameau de Mézières qui était intégré dès le XVII° s. à la paroisse de Buno. Un aérodrome très actif, voué au vol à voile, complète le paysage.
Comme l’Ile-de-France, la commune offre un climat océanique dégradé aux hivers relativement doux (4,5°C) et aux étés frais (18°C), avec des précipitations assez bien réparties sur l’année et totalisant environ 600 mm.
Histoire
Le territoire communal abrite des témoignages d’une occupation précoce, plusieurs milliers d’années avant notre ère, comme en témoignent les vestiges mésolithiques et néolithiques : inscriptions rupestres sur des blocs de grès, pierres taillées et polies, urnes cinéraires, sépultures, menhir, polissoir …
La commune doit son nom à des origines variées : Buno vient probablement d’un anthroponyme gaulois signifiant « domaine de Bonou » et Bonnevaux serait un dérivé d’un terme germanique : « le val de Bonne ».
Au Moyen-Age, deux paroisses voisinent. Bunovilla, autour de l’église Saint-Léger et du centre actuel de la commune et Buno Castrum, autour du château du Petit-Gironville actuel et voué à Saint-Antoine. Durant cette période, le territoire communal passe sous la direction successive de nombreuses seigneuries parmi lesquelles celles des familles d’Arbouville (XIV-XVIe s), de la Mothe, du chancelier Michel de l’Hôpital (fin XVIe s) et de Montmorency Danville (fin XVI° s .) sont les plus célèbres.
Durant le XVIII° siècle, la commune connaît d’importants changements. A la veille de la Révolution de 1789, elle compte environ 500 habitants.. En 1794, les deux villages de Buno et de Bonnevaux sont rattachés sous la dénomination de Bonnevant Bano, le nom actuel n’étant attribué qu’en 1801.
En 1815, le hameau de Buno-Château (aujourd’hui « le Petit Gironvillle ») est échangé contre celui de Moignanville avec la commune voisine de Gironville. Au XIX° s. la majeure partie de la population vit encore de l’agriculture, de l’artisanat et de l’extraction du grès. Les carrières, exploitées depuis des siècles, fournissent des pavés et la corporation des carriers est bien organisée.
C’est à la fin du XIX° s. que la commune dispose de son premier maître d’école, alors rétribué en nature par les parents des enfants scolarisés et les cours sont dispensés dans des lieux variés : à domicile, dans les granges… . A partir de 1820 la municipalité participe partiellement au financement du maître et en 1858 l’école est installée dans le bâtiment abritant l’actuelle mairie avant d’être transférée en 1970, dans des bâtiments situés dans la cour voisine.
Au XX° siècle, Buno-Bonnevaux connaît une fluctuation marquée de sa population qui oscille entre 250 et 400 habitants. Les activités traditionnelles régressent et la population part travailler dans la capitale ou les villes proches. Dans le même temps, le village profite de nombreux aménagements. L’électrification débute en 1927, la mairie et l’école sont les premiers bâtiments bénéficiaires. Durant la Seconde Guerre mondiale, la commune est traversée le 17 août 1944 par une patrouille américaine mais n’est vraiment libérée que le 22 août, après des affrontements répétés sur les ponts de l’Essonne.
L’adduction d’eau se fait en 1957 et celle de gaz de ville en 1986. Située sur la ligne ferroviaire dite « du Bourbonnais », mise en service en 1865-1867 sur le tronçon Corbeil-Montargis, le village, doté d’une gare depuis 1900, bénéficie de l’électrification de la ligne en 1992 puis de son intégration dans le RER D, mis en service en 1995.
A partir des années 1980, l’effectif communal progresse fortement, passant en trois décennies de 263 à près de 500 habitants. Aux résidents permanents s’ajoutent de nombreux résidents secondaires, originaires de Paris ou de la proche banlieue.
Le patrimoine
L’église
L’Eglise Saint-Léger de Buno, située sur une butte, domine la place du village aménagée sur l’ancien site du cimetière et les ruines de quelques vieilles demeures. Elle offre un style original. Sur la face nord de la nef, se raccorde en effet un bas-côté surmonté d’un toit à double pente, ce qui confère à l’édifice l’aspect d’une double nef. A l’est, chacun des deux ensembles est prolongé par une abside alors que sur la façade nord se dresse une sacristie de construction plus tardive. L’ensemble est dominé par un clocher à deux niveaux.
Les différences de styles et la diversité des matériaux utilisés – calcaire, grès et briques – rendent difficile une datation de l’édifice. Les premiers éléments, chœur, absides et base du clocher, datent peut-être du XII° s. mais d’importants travaux ultérieurs ont remanié la bâtisse. Ainsi, les charpentes de la fin du XVe ont laissé en partie place à une voûte lambrissée du XVIIIe, à son tour masquée et consolidée par une nouvelle voûte en brique et en plâtre au XIXe s. De même, le clocher a été profondément remanié aux XIX et XXe s.
L’église abrite trois statues de bois inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
- La statue de Saint-Léger, le patron de la commune, date du XIX° s. Elle est consacrée à l’évêque d’Autun du VII° s., mort en martyr et figuré en tenue d’écclésiastique.
- La statue de Sainte-Anne, du XVII° s, restaurée au XIX° s, représente la mère de la vierge Marie et cette dernière enfant.
- La statue de Saint-Antoine le Grand, polychrome mais recouverte de badigeon blanc, date probablement du XVII° s. Ce saint, né en Egypte au IIIe s., était très populaire au Moyen-Age en raison de son don de guérisseur. Il est aussi le saint patron des animaux domestiques et des vanniers.
L’église Saint-Léger abrite par ailleurs deux pierres tombales. L’une d’entre elles est classée monument historique depuis 1911. Après avoir été placée à l’extérieur de l’église à la fin du XIX° s., elle est depuis 1998 dressée sur un mur intérieur et désormais protégée des intempéries. Elle représente Cyrille d’Arbouville, seigneur de Buno et son épouse Loyse du Puy, décédés au début du XVI° s.
Près de l’autel se trouve une châsse de métal doré de style néogothique qui contenait jadis des reliques de Sainte Marguerite-Marie. Elle était autrefois portée sur la colline du Sacré-Cœur lors de la procession de Saint-Guerluchon.
Le presbytère date de la fin du XVII° s ou du XVIII° s. Depuis la loi de 1905, il est la propriété de la commune, comme l’église dont il dépendait.
La statue du Sacré-Cœur
Buno-Bonnevaux fut, des années 1870 aux années 1960, le centre d’un actif pèlerinage. Celui-ci était voué à la célébration du Sacré-Cœur de Jésus, promue par une religieuse de Paray-le-Monial (Saône et Loire), Marguerite-Marie, canonisée en 1920.
La procession se dirigeait vers la colline de Moignanville où le baron de Limnander, propriétaire du château de même nom, avait édifié une monumentale statue qui avait remplacé une simple croix de bois. Ce pèlerinage dit aussi de « Saint Guerluchon » attirait notamment des femmes désireuses d’enfanter. Elles devaient frotter les orteils du saint afin d’espérer voir leur vœu exhaussé.
Les croix de chemin
- La croix du Curé Garnier, résulte du don d’un curé de la paroisse du XVIIe s. pour remplacer l’ancienne croix de fer du cimetière par une croix en pierre de taille. Lors du transfert du cimetière, un nouvel édifice de pierre et de fer fut érigé.
- La croix Saint-Paul, située sur le chemin de la vieille marmotte (du nom du fichu porté autrefois par les femmes de la région) est une plaque de métal très ouvragée évoquant de nombreux thèmes : fleurs, fruits, agneau pascal…
- La croix Frappeau est un ouvrage en fer érigé au XIX° s. sur des rochers de grès allant vers Chantambre. Une légende s’y rattache. Un voyageur, attaqué par des brigands leur aurait crié pour masquer sa peur « frappez haut, frappez haut », ce qui expliquerait le nom de la croix.
- La croix du bois sec, faite de bronze moulé au XIX° s., est située à l’intersection du chemin de la vallée et de la rue de la Brosse. Elle porte un Christ en croix.
Le polissoir
Le polissoir dit des « sept coups d’épée » est classé au titre des monuments historiques depuis 1928. Découvert sur le plateau dominant la vallée de l’Essonne, il est placé depuis 1907 à l’extérieur de l’église Saint-Léger. C’est un rocher de grès strié de sept entailles parallèles.
Les châteaux
La commune possède encore aujourd’hui plusieurs châteaux, de style varié, qui ont connu des destins différenciés.
- Le château de Chantambre date de 1612 pour le logis central, les tours des extrémités ayant été ajoutées au XIX° s. Récemment restauré, il a eu comme propriétaire le célèbre tennisman René Lacoste, l’un des « quatre mousquetaires » du début du XX° s.
- Le château de Moignanville a été rasé et une vaste construction bourgeoise l’a remplacé au milieu d’une centaine d’hectares de bois et taillis.
- Le château de Buno, était situé au Petit-Gironville, sur la rive gauche de l’Essonne, un château médiéval qui hébergea Louis XI en mai 1480. Il a sans doute été détruit au XVI° s. par des groupes de brigands qui écumaient la région et firent aussi de gros dégâts à Malesherbes et Milly-la-Forêt. Le château laisse place, au début du XX° s., à une vaste demeure de style médiéval mais celle-ci est détruite par les troupes allemandes battant en retraite en 1944, laissant place à une construction de pierre, de style plus sobre.
- Le château actuel de Bonnevaux, édifié au XVIII° s., conserve quelques parties de l’ancien édifice, notamment un pigeonnier. A proximité se dressait une église datée des XI° et XII° s. Délaissée par les fidèles dès le XVII° s., cette dernière exige en outre de coûteuses réparations et c’est pourquoi la commune est autorisée à la détruire en partie à la suite de la réunion des paroisses de Buno et de Bonnevaux en 1794. La nef et le clocher disparaissent et il ne subsiste qu’une chapelle, inscrite aux monuments historiques depuis 1950, et aujourd’hui reconvertie en pavillon de chasse.
Les moulins et les lavoirs
L’Essonne a précocement été utilisée pour sa force motrice comme en témoignent des moulins édifiés à proximité des ponts routiers franchissant la rivière. A l’amont de l’Essonne, Moulin Roijau cesse de fonctionner au début du XX° s. et il est en partie détruit en août 1944.
Le moulin du Petit Gironville, déjà actif au XVII°s s’arrête vers 1920. Il est durement affecté par l’explosion du vieux pont en 1944. Il est ensuite restauré et doté d’une roue hydraulique ce qui confère au nouvel édifice un charme indéniable.
Le cours de l’Essonne était aussi ponctué de lavoirs. Deux d’entre eux subsistent à Chantambre et à dans le bourg, les autres étant aujourd’hui en ruines.
Enfin, la rivière a permis l’aménagement d’un étang de 1,5 ha, voué à la pêche de loisirs, confortant la vocation d’espace naturel de la vallée.